Notre équipe a eu le privilège de s’entretenir avec Landry Nguetsa, acteur principal du biopic sur le légendaire Jean Miché KANKAN, de son vrai nom Dieudonné Afana Ebogo. Landry nous a fait part de sa satisfaction de participer à ce projet et de l’honneur qu’il ressent à incarner un personnage aussi authentique, considéré comme le meilleur comédien africain de tous les temps.
Comment avez-vous intégré ce projet de biopic sur Jean Miché Kankan ?
“Le réalisateur et le producteur m’ont contacté personnellement avant de lancer un casting général. Ils m’ont approché environ 8 ou 9 mois avant le début du projet. À ce moment-là, j’étais très occupé par mes activités théâtrales et je leur ai suggéré d’autres acteurs pour ce rôle. Cependant, ils ont insisté pour travailler avec moi. Une fois disponible, ils ont organisé un casting, et après une audition avec un autre candidat, j’ai été sélectionné pour le rôle.”
Qu’est-ce que cela vous fait d’être choisi pour représenter le plus grand humoriste de tous les temps ?
“Pour moi, c’était un honneur et une manière de lui rendre hommage, car je suis un grand admirateur de KANKAN. C’était un immense défi car ce n’était pas n’importe qui, et tout le monde le connaît. Je ne pouvais pas tricher, tout devait être authentique. C’était un grand plaisir de le faire.”
Avez-vous rencontré sa famille ou ses amis avant le tournage ?
“J’ai rencontré sa famille le 10 juillet 2023, lors de son anniversaire. L’équipe et moi sommes allés dans son village pour les remercier de nous permettre de réaliser ce film. J’ai beaucoup appris sur lui pendant cette visite. Avant le tournage, j’ai effectué de nombreuses recherches, regardé des documentaires et rencontré des collègues ayant travaillé avec lui. Cela m’a beaucoup enrichi.”
Quelles difficultés avez-vous rencontrées pour interpréter ce personnage ?
“Artistiquement, il était difficile de porter à l’écran un personnage que tout le monde connaît. Imiter ses gestes, sa voix et ses expressions était un vrai défi. Avec l’appui du réalisateur, nous avons travaillé sur les détails les plus fins. Nous avons répété pendant trois semaines avant le début du tournage. Le volume et la qualité de sa voix étaient particulièrement difficiles à maîtriser, mais j’ai réussi à incorporer ma propre touche pour rendre l’interprétation plus authentique.”
Le biopic révèle des luttes personnelles de l’artiste, comme des dettes et des problèmes avec l’alcool et le tabac. Pensez-vous que ces excès ont freiné sa carrière ?
“Je ne peux pas le savoir avec certitude, car beaucoup d’autres ont des problèmes similaires et prospèrent malgré tout. Il vivait sa vie pleinement, sans retenue. S’il n’était pas mort, il aurait certainement eu une présence internationale encore plus grande. Cependant, en Afrique, nous avons tendance à ignorer nos héros de leur vivant et à les reconnaître seulement après leur mort.”
Sa famille a mentionné qu’il était très authentique et n’avait pas de formation formelle en théâtre. Comment parvenait-il à appliquer des techniques professionnelles ?
“Il était un génie, en avance sur son temps, malgré l’absence de formation formelle ou d’accès à Internet. Beaucoup d’écoles africaines intègrent désormais son art dans leur pédagogie, prouvant son influence durable.”
Vous avez remporté plusieurs prix pour cette interprétation. Cela vous a-t-il apporté plus d’opportunités ?
“Oui et non. J’ai reçu des offres pour travailler en France et à Lomé. Cependant, je suis sélectif quant aux rôles que j’accepte, veillant à ce qu’ils mettent en valeur mes compétences.”
Si Dieudonné était avec vous, que pensez-vous qu’il dirait en voyant le film ?
“À chaque début de tournage, je faisais une prière en lui demandant de me guider. Je sentais sa présence, comme s’il me surveillait et me conseillait. Il me dirait probablement où je pourrais m’améliorer, mais aussi reconnaître mon effort. Connaissant ses standards élevés, je cherche toujours à faire mieux.”
Pensez-vous que ce type de projet encouragera les cinéastes camerounais à valoriser nos héros et héroïnes locaux ?
“Nous avons le devoir de préserver notre histoire. Même si ce n’est pas un biopic, il est essentiel de promouvoir nos valeurs culturelles et notre nationalisme. Chaque rêve est important, mais comprendre et respecter notre patrimoine culturel l’est tout autant.”